Génocide ordinaire. Sumgaït, Fevrier 1988




SUMGAÏT, FEVRIER 1988, GENOCIDE ORDINAIRE

Ce film est une accusation. L’accusation dans un crime contre l’humanité réalisé en Azerbaïdjan Soviétique du 27 au 29février 1988. L’accusation d’un génocide qui se réalisait durant 3 jours sans entraves et impunément à Sumgaït à une demie- heure de route de la capitale Baku.

Il ne faut pas considérer la tragédie de Sumgaït comme le résultat de la décision prise le 20 février 1988, par les pouvoirs locaux de Nagorny Karabakh d’adresser une demande a Moscou a propos du transfert de la région du territoire de la République Soviétique d’Azerbaïdjan au sein de la République d’Arménie.
Sumgaït est une preuve tangible ainsi que la continuation de la politique de discrimination, d’assassinats impunis, de déportations, de nettoyages ethniques et du délogement de la population arménienne.

Vers la fin des années 80 les forces nationalistes d’Azerbaïdjan ont renforcé la politique des nettoyages ethniques, prenant modèle sur le Nakhitchevan déjà nettoyé des arméniens. Si au début du 20ème siècle les arméniens constituaient 45 % de la population du Nakhitchevan, vers la fin des années 70 ce chiffre ne faisait qu’un pourcent.

De juillet à décembre 1987, Assadov, le premier secrétaire du Comité régional du parti politique communiste de Chamkhor menait une politique de délogement de la population arménienne indigène du village de Chardakhlou, la patrie des deux maréchaux, des trois Héros de l’Union Soviétique, de cinq généraux. Ce même Assadov prononcera a haute voix le 14 février 1988 que « cent milles azerbaidjanais sont prêt à toute heure à pénétrer au Karabakh et à organiser des massacres ».

Le 17 octobre 1987 l'observatrice de la radio Liberté Elisabeth Fuller annonce que le village Chardakhlu a été encerclé et bloqué par des troupes.

La décision prise le 20 février est devenue la réponse d’Artzakh au génocide blanc réalisé depuis des dizaines d’années en Azerbaïdjan. L’Azerbaïdjan a réagit toute de suite par des actes de violence à la décision constitutionnelle des habitants de Karabakh. Le 22 février une foule constituée de milliers d’habitants de la ville d’Agdam de l'’Azerbaïdjan s’est dirigée vers Askeran, le village le plus proche peuplé par des arméniens en cassant tout sur le chemin et en provocant des accrochages. En cachant exprès la provocation organisée par Azerbaïdjan, plus précisément ,l’assassinat de leurs propres compatriotes,le vice procureur général de l’ex-URSS Alexandre Katusev a annoncé a la télévision centrale qu'il y avait eu deux victimes et a souligné le fait qu’ils étaient de nationalité arménienne.
Le 26 février les journaux avaient publié l'harangue du Secrétaire Général du Comité Central du Partie communiste de l’Union Soviétique Mikhaïl Gorbatchev aux peuples d’Arménie et d’Azerbaïdjan. L’Arménie a répondu par la cessation des manifestations de milliers de personnes. La réponse de l’Azerbaïdjan était Sumgaït.

Ces images sont uniques. Enregistrer sans entraves et de sang froid les bandes de pogromistes féroces qui parlaient en azerbaidjanais par les walkie-talkie et qui se donnaient des directives ne pouvait qu’une seule structure : le Comité de la sécurité d’état- la création de Geydar Aliev, général de KGB.

Titres: «Seulement les écoliers, les écoliers. Quand on y arrivera tout de suite à droite. »-Septieme.-Parle ! -90/02- Ils vont-ils ? (en azerbaidjanais)- à l’autogare. Dans l’article publié en 1989 dans le magazine Znamya (Drapeau), Georges Soros écrivait : » Ne sont pas si irréelles les suppositions que les premiers pogroms arméniens en Azerbaïdjan étaient inspirés par la mafia locale dirigée par l’ancien dirigeant de KGB d’Azerbaïdjan G. A. Aliev ».

Le 26 février le gouvernement du parti communiste d’Azerbaïdjan est arrivé à Sumgaït: le Premier Secrétaire du Comité Central du Parti Communiste d’Azerbaïdjan Kamrian Bagirov, les secrétaires de Comité Central du Parti Communiste G.Gassanov et le chef du département du Comité Central du Parti Communiste d'Azerbaïdjan, Assadov.

Le même jour un meeting a eu lieu sur la place centrale de Lénine à Sumgaït. Les soit disant « réfugies de Kapan » qui étaient préparés auparavant à la provocation de la foule sont apparus sur la tribune. Ils chauffaient la foule avec des annonces mensongères sur des violences qui ont lieu en Arménie, sur les assassinats et les délogements des azerbaidjanais. C'est là que le slogan «Mort aux arméniens!» a été prononcé.

Le 27 février les voies de fait et les assassinats ont commencé à avoir lieu sans jamais avoir été arrêtés par les pouvoirs et les organes de justice. Les pouvoirs et la milice, comme il s’est avéré ensuite, s’occupaient d’autre chose. Ils préparaient les pogromistes à l’acte final.

Le 28 février les pogroms et les assassinats ont commencé à prendre un caractère massif et sadique. Armés de barres métalliques préparées à l’avance, des haches, des marteaux, des couteaux, des aiguisages les bandes trouvaient sans erreur les appartements des arméniens et y pénétraient de force. Les gens étaient tués dans leurs propres maisons, mais souvent traînés dans la rue ou dans la cour pour une humiliation publique.

Le 28 février les troupes sont entrées dans la ville, armées de cartouches à blanc et avec l’ordre de ne pas s’en mêler. Les assassinats les plus sadiques se sont surtout passés devant les yeux des soldats et des officiers.

Ces pages de la conclusion de l'Acte de l'accusation ont jaunis avec le temps. Pourtant les détails qui y figurent ne cesse pas de choquer l’esprit et de traumatiser l’âme tout en témoignant de la cruauté et du sadisme sans précédent avec lesquels se réalisaient tous les assassinats des arméniens de Sumgaït. Tout en épargnant le spectateur, même aujourd’hui, après 22 ans, nous ne pouvons pas sonoriser tous les détails de Sumgaït. A la demande de Mikhaïl Gorbatchev de raconter la manière dont les assassinats se réalisent lors de la réunion de travail du Bureau Politique du Comité Central du Parti Communiste du 29 février 1988, le ministre Yazov témoignait : Ils ont coupé les seins des deux femmes, une a été décapitée, ils ont enlevé la peau d’une petite fille. Les jeunes soldats qui voyaient les cadavres des arméniens torturés s’évanouissaient ».

« Aux alentours de l’immeuble 26,devant les yeux de nombreux habitants du quartier,le groupe de bandits organisé par Akhmedov, réunis par une seule idée, armés de haches , de couteaux,de tuyaux et de barres métalliques ainsi que d’autres objets ,se rendant compte du caractère particulièrement cruel de ses actes et en causant des souffrances particulières aux victimes a commencé à battre avec ces objets les membres de la famille Melkumyan et Micha Hambartzumyan,en leur donnant plusieurs coups sur la tête et les autres parties vitales du corps.

Micha Hambartzumyan, né en 1941.Assassiné dans la rue. Un choc de brûlures, des brûlures de 3 degré de la 2/ 3 surface de la peau. Des fractures du crâne, une congestion cérébrale ».

Témoin Muradov Jamal Ismail-ogli: « Des maisons étaient détruites. Notre milice ne faisait que regarder. Les bandits agissaient très expéditivement. Ils trouvaient vite les appartements des arméniens, je ne sais pas comment. Un jeune homme avec un micro gérait la foule. Tout le monde l’écoutait. La bande était armée. Dans la foule il y avait des gens de différents ages, même des enfants de 3-4 ans…….Je voyais beaucoup de miliciens qui observaient et ne faisaient rien comme si cela ne les concernait pas …. Au centre il y avait beaucoup de grandes pierres. D’où venaient-elles? Je ne sais pas. Nous, on n’a jamais eu des pierres pareilles. Je voyais comment brûlait un homme à coté d’une voiture incendiée, j’ai eu peur. Ce ne sont que les barbares qui peuvent faire des choses pareilles. Il y avait une femme qui était férocement battue. Puis, je voyais partout des cadavres dans les rues. Un peu plus loin, j’ai vu une femme nue sur le trottoir toute en sang. J’avais peur, car je n’avais jamais vu de choses pareilles. Après, j’ai vu un jeune garçon qui écrasait la tête d’une personne encore vivante ».

Titres. Victorya Grigoryan, la sœur de la défunte Seda Danielyan

«Dimanche soir à 18h30, ils sont revenus à la maison sans douter de rien. Quelqu'un a frappé à la porte et a demandé: «Vous êtes arméniens?» Le mari de ma soeur a répondu «Non, nous sommes azerbaidjanais» et ils sont partis. Quelques minutes plus tard quelqu'un a appelé au téléphone : «Kolya, tu es chez toi?». Il a répondu «Je suis chez moi».Ils ont dit : « Ne sortez pas, dans quelques minutes nous viendront vous cherchez». 10-15 minutes plus tard, environ 25 personnes ont fait irruption chez eux et ont commencé à les rouer des coups. Ensuite, ils les ont sortis de force dans la cour, ont tué le mari sur le coup, ont battu l'enfant sur la tête, ont battus affreusement ma soeur. Après le départ des pogromistes, il y en a d'autres qui sont arrivés et ont vu que ma soeur bougeait. Quand ma soeur a remarqué qu'ils s'approchaient elle a protégé le bébé par son corps. Le visage de ma soeur a été défiguré, on ne voyait presque pas son visage. La manière dont ils l'ont tuée...

Seda Daniélyan, née en 1938. A été traînée de force dans la rue avec son mari et son fils. A été tuée après de nombreuses tortures. Son mari, Nicolaï Diniélyan est tué aussi, leur fils a pu être sauvé à l'hôpital.

Titres. Vitali Daniélyan, le fils des défunts Nicolaï et Seda Daniélyan
Titres. Ils sont entrés à la maison et ont commencé à saccager l'appartement. Ensuite, ils ont pris les passeports des parents et ont lu quelques mots. En russe parfait quelqu'un a lu «Daniélyan» en accentuant sur le «yan» et a tourné la page. Il y avait le mot «arménien». Alors, il a dit «Cela est suffisant». Ensuite, ils ont commencé à crier qu'ils étaient venus boire du sang. Ils m'ont frappé d'abord avec un gourdin, ensuite avec une armature. Après, j'ai retrouvé mes esprits, j'ai essayé d'aider mes parents, mais j'avais un bras cassé et je n'ai pas pu le faire. Je suis sorti dans l'entrée de l'immeuble, j'ai commencé à prier les voisins d'appeler une ambulance mais ils me repoussaient tous et fermaient tout de suite les portes.

Le témoin Valérie Kozoubenko qui a essayé de cacher chez elle une famille arménienne: «Les bandits qui sont entrés dans notre appartement, avaient des barres de fer, des armatures et de grands couteaux. Les barres métalliques étaient de la même longueur comme si elles étaient spécialement coupées. Ces bandits, absolument tous, étaient vêtus en noir et presque tous étaient très jeunes...Nos téléphones ne fonctionnaient plus depuis le 28 février».

Artach Arakélyan. A été tué le 29 février. Hémorragie cérébrale. Fractures des os du crâne, des cotes avec une lésion du poumon. Traumatisme du corps. Carbonisation du cadavre.
Son épouse, Asya Arakélyan, qui a été cruellement battue, s'est sauvée par miracle. Le bandit avaient essayé de la brûler vive.

Titres. L'assistant du procureur général de URSS N. Yémélyanov

Titres. Nous étions, bien sur, au courant de la situation tendue, nous avions l'information conforme. C'est pour cela que dans la procurature de URSS un groupe spécial avait été formé. En cas de nécessité nous devions nous y rendre et prendre des mesures décisives pour la cessation des désordres et, le plus important, assurer une enquête qualifiée des crimes qui ont eu lieu là-bas. Vers la fin du mois de février nous nous attendions déjà à ce que toutes les démonstrations, les discours auraient passé à des actes de violence puisque la situation était extrêmement tendue. Ainsi, nous sommes arrivés à Sumgaït au moment de ces désordres. Il est évident que la situation était...Je m'occupe des enquêtes criminelles depuis longtemps et mes collègues sont des gens expérimentés mais nous avions eu tous une impression accablés. Tout brûle, les appartements sont saccagés, des cadavres, les femmes violées sauvagement par 20-30 personnes. Ces bacchanales duraient pendant quelques jours. Les employés des organes de justices, plus particulièrement, la milice, ne prêtaient pratiquement aucune défense aux citoyens de nationalité arménienne.

Le 20 mars 1988 le journal «Le Communiste de Sumgaït» dans l'article « Où était la milice?» écrivait : «J'ai appelé trois fois la milice,-disait d'un air agité au téléphone une lectrice qui n'avait pas voulu révéler son identité,-jusqu'à ce que les bandits enfonçaient la porte des voisins. Chaque fois j'avait comme réponse «Nous avons envoyé de l'aide».Mais personne n'était venu.

Du protocole de la réunion de la Cour Suprême de URSS du 3 novembre 1988:

Le documents de l'enquête constatent que durant la période du 27 au 28 février 1988 les organes des affaires intérieurs de Sumgaït étaient inactifs et en observateurs passifs ne réagissaient ni aux violentes infractions de l'ordre légal, ni aux nombreuses communications sur les désordres ayant lieu dans la ville, ni aux assassinats des arméniens et aux cambriolages, ni aux autres crimes y compris dans le quartier 41 a. Dans le télégramme joint à la présente demande on voit le rôle instigateur de l'ancien premier secrétaire du Comité municipal de Parti communiste azerbaidjanais de Sumgaït Djakhanguir Muslim-Zadé.

Le témoin Guliyev: «Les pogromistes avaient des barres - armatures spéciales de 70 centimètres comme préparés exprès pour les pogroms...Il n'y avait pas de milice dans la ville, je n'ai pas vu...Les lignes téléphoniques étaient coupées...Des pavés étaient emmenés spécialement....Les bandits avaient des gourdins et des casques qu'ils avaient enlevés des soldats. Ces pogroms n'étaient pas préparés en un jour. Ils se préparaient bien à l'avance».
Du verdict des Juges de la Cour Suprême de la République Soviétique d'Azerbaïdjan des affaires criminelles de première instance du 5 juin 1988: « l'accusé S.M. Kerimov, avec un groupe de participants aux désordres massifs... est allé en voiture vers les usines «Stalconstruction» et « Les constructions de fer et de béton», a chargé la voiture par des barres d’armatures métalliques et a emmené tout cela dans le quartier 41 a pour la distribution aux participants des désordres massifs».

«... Mnatzakan, invalide de la 2ème Guerre Mondiale, travaillait comme tourneur. Il racontait que quelques jours avant ces événements, il avait reçu une commande pour un stock d'armatures. Coupées et taillées. Il avait vu ensuite toute son armature chez des pogromistes...

Dans l'article «Sumgaït. Epilogue de la tragédie» publié le 22 mai 1988 dans le journal «Les nouvelles de Moscou» Victor Lochak écrivait : « Il faudra encore élucider comment s'est fait que le 28 et le 29 février plusieurs téléphones étaient coupés dans la ville, et qui répondra pour les conseils soit disant rassurants «Restez à la maison» au moment où il fallait évacuer d'urgence les gens de la ville».

«Durant les jours de la situation difficile il y a eu la fabrication de haches, de couteaux et d'autres objets qui pourraient être utilisés par des organisateurs de pogroms», informait le journal «Le Communiste de Sumgaït» le 13 mai 1988.

Le témoin Ilyasov a fait des dépositions d'une extrême importance au tribunal.

«Je crois qu'ils connaissaient d'avance les adresses des arméniens. J'ai fait cette conclusion parce que les organisateurs des pogroms entraient sans hésitation dans les entrées des immeubles ou habitaient les arméniens...Le matin du 28 février j'ai remarqué des tas de pierres dans les rues de la ville qui barraient les routes pour que personne ne puisse partir. Parmi les pierre, à part les briques cassés et la scorie qu'on peut trouver dans les voiries, il y avait des blocs qui ne traînent pas comme ça, ils doivent être apportés de quelque part»
Le procureur: D'où venaient les barres d'armature dans la foule?
Le témoin: «En premier lieu, elles pouvaient être achetées dans notre usine, ainsi que dans bien d'autres usines, par exemple, dans l'usine des objets en béton armé. Je n'avais jamais vu des barres pareilles chez aucune personne auparavant»
Le procureur: «Aviez-vous l'impression que tout cela était organisé d'avance, que ces barres étaient préparées spécialement, que les pierres étaient apportées spécialement, que les adresses des arméniens étaient connues d'avance?»
Le témoin: «On peut dire que oui, mais je ne peux pas l'affirmer. Quand la foule est venue dans notre quartier, les pogromistes sont entrés immédiatement dans les entrées où habitaient les arméniens. Le fait, qu'ils demandaient par mégaphone les adresses des arméniens n'était qu'une démonstration, une pression sur la psychique des gens. En réalité, ils connaissaient toutes les adresses des arméniens, ils agissaient sans faute. Tout cela n'était pas causé par des impulsions de voyou, c'était une action portée contre un peuple concret, contre les arméniens. Pas contre les russes ou autres peuples, contre les arméniens. Ils ne cherchaient que des arméniens».

Titres. L'inspecteur en chef du groupe d'instruction de la Procurature de URSS V.Reva

Si ce qui s'est passé à Sumgaït était élucidé à temps et d'une manière objective, il n'y aurait pas de situation pareille ensuite. Puisque notre peuple n'a pas été informé à temps de ce qui se passait à Sumgaït. Pourtant, c'était pratiquement un génocide là-bas. Quand la personne est tuée juste pour son appartenance à une nationalité.

Durant le tribunal, il s'est avéré que pendant les jours des pogroms, toutes les routes, les entrées à Sumgaït et les sorties de la ville étaient bloqués par des groupes de pogromistes armés qui arrêtaient le transport et y cherchaient des arméniens. C'est de cette manière que Gary Martirossov, qui est parti le 29 février de Baku à Sumgaït pour chercher sa famille, a été tué. L'autobus a été arrêté par les bandits, Martirossov a été traîné de force hors du bus, a été battu et brûlé vif ensuite.

Ce n'est qu'une petite partie des nombreux témoignages et des extraits des documents judiciaires prouvant que Sumgaït était planifié depuis longtemps et très soigneusement, que c'était un acte organisé et géré de génocide des arméniens. Dans les comités des services publics du logement il y avait des listes des adresses des appartements ou habitaient les arméniens. Les lignes téléphoniques étaient coupées dans les appartements des arméniens. Des armes blanches étaient fabriquées dans les usines de Sumgaït, des litres d’essence étaient stockés pour la crémation des corps, des biens et des appartements des arméniens. Il y avait un accord criminel avec les autorités locales, la milice et les médecins. Des provocateurs spécialement préparés pour manipuler la foule prenaient parole lors des meetings. Dans les quartiers, où il y avait des pogroms, il y avait des coupures d'électricité. A l'intérieur des bandes de pogromistes il y avait une coordination stricte des actions ainsi qu'une discipline. On conseillait aux arméniens de ne pas sortir pour travailler et de rester chez eux. Les bandits apparaissaient dans les appartements 10-15 minutes après l'appel à la milice.

Titres.
La constitution des listes avec les adresses des arméniens
Le débranchement du téléphone et de l'électricité
La fabrication des armes blanches
La préparation des provocateurs
Les provisions d’essence
L'assistance des autorités et des services locaux aux organisateurs des pogroms
La discipline dans les bandes
La liquidation opérative des conséquences des pogroms

D'après les témoignages des témoins oculaires, de nombreux organisateurs de pogroms chantaient joyeusement et jouaient du piano jusqu'à ce que leurs complices aient exécuté les habitants des appartements.

Titres. Les travaux sont effectués dans l'appartement numéro 1, 19, rue de l'Amitié, 5ème microrégion.

Ceci sont les images du tournage opératif de la Procurature Générale de URSS qui a été faite le 1 mars. Le lendemain débutera la liquidation urgente des conséquences affreuses du génocide.

Titres. «Ils ont enfoncé la porte, l'ont cassée. Quelqu'un avait enfoncé un couteau par là. Ils sont entrés par la porte. Les autres jetaient ces pierres-là par la fenêtre, bref, ils ont cassé la fenêtre et sont entrés. Des jeunes gens de mon âge. Voilà, prends ça, c'est des pierres pareilles qu'ils jetaient, j'en ai jeté la moitié. Regardez dans la cuisine, toutes les armoires sont cassées, ils jetaient des blocs».
Dans un pays qui menait une vie mesurée où le totalitarisme perçait tout et tout le monde, où rien ne pouvait se passer sans que les autorités et le KGB le sachent, il y a eu la fébrile destruction des conséquences des crimes à Sumgaït ,deux jours écoulés après les pogroms monstrueux.

Titres. C'est du sang? – Bien sur que c'est du sang.

Les cours et les rues de Sumgaït étaient nettoyés des cadavres et du sang, les meubles cassés et les biens jetés des appartements étaient détruits. Les cadavres étaient transportés à Baku et dans les autres villes de la république.

Le témoin, responsable du bâtiment Takhmazov: « .... Il y avait l'ordre du représentant du Comité Central du parti Communiste de l'Azerbaïdjan Ganifayev de brûler et d'enterrer tous les biens détruits. Ce qui a été fait d'une manière très expeditive. Le lendemain matin le Comité exécutif de la ville a envoyé dans le quartier 41 a les équipes d'aménagement et de construction et ceux-là ont ramassé les cadavres et tout ce qui a été détruit...»

Les cadavres de ceux qui étaient nés, habitaient et travaillaient pour le bien de la ville et du pays, des femmes et des hommes, des jeunes et des âgés, étaient nettoyés des rues de Sumgaït.

Titres. Zinaida Moudretzova, habitante de Sumgaït, témoin.

Titres. J'ai parlé au père et à la mère d'une jeune fille qui a été tuée. Elle était au 6ème mois de grossesse. Son nom est Manvélyan, son prénom Lola. Sa mère est enseignante, le père travaille à l'institut. Elle a été sauvagement tuée. Son père l'a trouvée aux Mardakyan, à dizaines de kilomètres de Sumgaït. Elle était le numéro 71 parmi les cadavres non reconnus. Le père a déclaré qu'il avait lui-même fait le tour des 3 morgues quand il cherchait le cadavre de sa fille, à Baku, à Sumgaït, à Mardakyans.

Lola Avakyan, 27 ans. Le 29 février les pogromistes ont pénétré de force dans l'appartement, elle a été traînée de force dans la rue, déshabillée, forcée à danser. Sa poitrine était percée de coup de couteau, le corps portait les traces des cigarettes éteintes, elle a été violée. Lola Avakyan était en 6ème mois de grossesse.

Zinaida Moudretzova qui a fait des témoignages précieux pour la cause de Sumgaït, a été arrêtée par les autorités azerbaidjanaises et mise en prison pour fausse accusation.

Sumgaït était fondé en 1949 à 26 kilomètres de Baku, la capitale de l'Azerbaïdjan. La presse soviétique appelait cette ville «exemple de l'amitié internationale». De 250 mille habitants de plusieurs nationalités environ 18 mille étaient des arméniens qui avaient cru au mythe créé par la propagande officielle sur « la ville du futur». Le mois de février 1988 a fait exploser ce mythe de l'intérieur. En 3 jours seulement Sumgaït passait de la civilisation imaginaire à la sauvagerie cultivée exprès par les politiciens.

La plupart des arméniens de Sumgaït étaient tués dans les rues de l'Amitié et de la Paix de la ville internationale.

Ce que faisaient les zombies manipulés dans les rues de la ville azerbaidjanaise entrera pour toujours dans l'histoire sous le nom affreux de «Sumgaït».

Armo Aramyan, 60 ans. Arthur Aramyan, 25 ans. Le père et le fils sont tués en même temps, la mère est restée en vie par miracle.

Elena Babayan. 56 ans. Le 28 février a été cruellement battue en rentrant chez elle. Elle a passé plus de 2 semaines dans le lit chez elle sans bouger. L'ambulance a refusé de la transporter à l'hôpital. Elle est décédée le 16 mars.

Irina Melkumyan faisait ses études derrière un pupitre pareil, dans une école ordinaire de Sumgaït. Irina qui avait 27 ans a été brûlée vive après de nombreuses tortures, un viol et des tortures féroces. Irina a été tué le 29 février 1988 avec ses parents Sogomon et Raissa Melkoumyan ainsi qu'avec ses frères Igor et Edik. Tous, avant la mort, avait subi des tortures atroces et féroces et ont été brûlés.

Emma Grigoryan, 58 ans. Elle a été traînée de force dans la rue toute nue, a été mise sur un banc, ils éteignaient des cigarettes sur son corps. Ensuite, elle a été violée, ses cotes et sa tête ont été cassées.

Firuza Melkoumyan, 70 ans. A été sauvagement battue, ensuite sont corps a été coupé en morceaux par une hache. Tout le quartier entendait ses cris mais personne n'est venu à son secours.

Titres. Valeri Gasparyan, ancien habitant de Sumgaït, témoin.

Titres. Les frères ont été tués devant mes yeux. Cela se passait pendant trois heures, de 11h00 jusqu’à 2 heures de la nuit. Durant ses trois heures les frères étaient torturés. Juste sous notre balcon. Valeri avait essayé de se sauver. Il a été rattrapé, jeté par terre et tué sauvagement par des couteaux et des pierres. J'ai vu comment ils marchaient sur son corps, ils voulaient même le brûler. La partie droite de sa tête a été brûlée. Alik était battu à 30 mètres de son frère et a été tué de la même manière sauvage et cruelle.

Les frères Albert Avanéssyan, 35 ans, Valéri Avanéssyan, 31 ans. Sont tués devant leur maison à la suite de violents coups.

Titres. Rimma Avanéssyan, la mère des défunts.

Titres. L'un travaillais en tant qu'enseignant, l'autre était ingénieur en chef. Quelle mère pourrait-elle vivre après cela? Je ne souhaiterais cela à personne au monde. Je veux voir Gorbatchev, Aliev, Bagirov,Muslimzade! Il faut tuer Gorbatchev de la même manière que mes fils ont été tués devant mes yeux.

Chahen Sargisyan, 62 ans. A été expulsé de sa voiture par la foule enragée, battu, et tué. Arouchanyan Vladimir, 52 ans, tué. Son épouse Razmella était considérée comme disparue, pourtant, plus tard, il s'est avéré qu'après les blessures cruelles et de nombreux coups elle a été tuée , elle aussi. Alexandre Gambaryan, 62 ans. Tué chez lui par un coup de pince sur la tête. Archak Babayan, 57 ans, tué chez lui a la suite de violents coups. Yuri Avakyan, 52 ans, Apres l'attaque de son appartement, il a été traîné dehors, battu, coupé en morceaux et brûlé sur un feu de bois.
Ersilya Movsesova, 86 ans, domiciliée à Baku et tuée à Sumgaït. Sur le corps de la vieille dame il y avait 31 coups de couteau.

Ces jours-là le mémoire génétique du peuple arménien insistait sur le fait que c'était le même génocide avec les mêmes méthodes et les mêmes bourreaux.

La même mémoire génétique soufflait instamment aux arméniens la nécessité d'une autodéfense pour la protection de leurs familles.

L'investigateur des événements à Sumgaït Samvel Shahmouradyan écrivait:»Sumgaït c'est la victoire de l'esprit humain sur l'esprit animal». Les voisins Rafik Tovmassyan et Gabriel Trdatov avec les membres de leurs familles se défendaient pendant 8 heures contre la foule enragée. Ils sont morts comme des héros mais ont réussi à sauver leurs proches. L'autodéfense des arméniens de Sumgaït est la victoire de l'esprit humain sur le bestial».

«Nous n'avions même pas peur de la mort...»

Ivre de sang et ayant passés toutes les bornes, les pogromistes ont commencé à attaquer les militaires forcés par Kremlin à l'inertie. D'après les dépêches expéditives, plus de 270 militaires ont souffert.
Lorsque devant les yeux des collègues, la foule a déchiré un soldat, ses camarades, n'ont pas pu supporté et ont dirigé le tank sur les assassins complètement perdus leur traits humains. Ce n'est que cela qui a forcé Moscou d'instaurer le couvre-feu. Dès que les troupes ont commencé à agir, les assassinats publics et les pogroms de masse ont cessé.

Il faut agir raisonnablement, gardant son calme et sa fermeté de caractère tout en gardant l'ordre social. En cas d'infraction du régime instauré, les organes judiciaires seront obligés de réaliser les mesures les plus sévères en conformité avec les lois soviétiques.
Le chef de la garnison militaire, général lieutenant Kraev.

Les arméniens qui ont réussi à se sauver étaient transportés sous la surveillance renforcée des troupes dans le bâtiment du Comité municipal de Sumgaït, les clubs de culture, les casernes et les commandements.
Des milliers de personnes y ont vécus dans de monstrueuses conditions pendant plusieurs jours. Après la mort d'un nourrisson dans un club à cause du manque d'hygiène, les arméniens étaient chassés du club pour crainte d’une épidémie.

Le massacre de 3 jours des arméniens à Sumgaït a eu lieu à l’URSS, encore solide à cette époque. Non seulement à Baku mais à Moscou personne n'était pressé de porter secours aux habitants de Sumgaït. Le 29 février lorsqu'à Sumgaït coulait des rivières de sang, une réunion avait lieu à Kremlin du Bureau Politique du Comité Central du Parti Communiste de l'Union Soviétique auquel Gorbatchev a déclaré d'une manière pharisaïque : «Si nous n'avions pas pris des mesures, il y aurait eu des massacres à tout moment». Le ministre de la Défense Yazov parlait des détails cruels des massacres en soulignant qu'il fallait envoyer des troupes. Mais le secrétaire général est préoccupé par autres chose: comment éviter la réaction possible de l'Arménie: «Il faut agir résolument et jusqu'à la fin...Il faut fermer les entrées, pour que le transport ne puisse pas passer, pour que les avions ne volent pas de Erevan». Plus tard, Gorbatchev prononcera une phrase cynique sans précédent: «A Sumgaït les troupes sont arrivées avec un retard de 3 heures», en prouvant de sorte sa culpabilité personnelle dans le génocide à Sumgaït.

Le 1 mars le journal «Izvestia» publie une petite information « Le 28 février, à Sumgaït (République Soviétique d'Azerbaïdjan) un groupe d'éléments houligans a provoqué des désordres. Il y a eu lieu des cas d’excès et de violence». Cette phrase n'est pas seulement une information d'un journal, c'est une directive de Gorbatchev de considérer les événements comme une affaires de « groupes de voyous à part» et d'expliquer des assassinats massifs et monstrueux seulement par les motifs de voyou»

Ensuite, l'expression « par les motifs de voyou» sera rappelée 84 fois sur les 100 pages de l'Acte d'accusation.

Par peur de responsabilité devant la communauté européenne pour le génocide organisé et géré par un seul Centre, le crime est divisé en plusieurs affaires criminelles séparées.
Les quatre causes ont été entendues lors de la Cour Suprême de l'URSS ainsi qu'aux tribunaux régionaux de la Fédération Russe. Un grand nombre de documents étaient transférés à la Cour Suprême de la République d'Azerbaïdjan ainsi qu'au tribunal populaire de Sumgaït. Il est difficile de le croire mais ce n'est que la Cour Suprême de l'URSS qui entendait la cause à Moscou, tous les autres procès ont eu lieu à Sumgaït et à Baku, même si les familles et les témoins demandaient le procès à l'extérieur de l'Azerbaïdjan et en aucun cas à Sumgaït.

Ce n'est pas par hasard que les victimes étaient obligées de quitter la salle du tribunal en signe de protestation contre la marche de l'enquête judiciaire comme c'était le cas à Moscou, où à cause de l'ambiance insupportable et dangereuse pour la vie comme c'était le cas à Sumgaït.

Un extrait de l'enregistrement audio du procès à Sumgaït

Titres.
Le témoin: Je ne peux pas parler ici.
Le juge:-Pourquoi vous ne pouvez pas?
Le témoin: - Pour des raison de sécurité.
Le juge:- Si vous ne parlez pas, nous ne pourront pas savoir les circonstances de la cause. Quelqu'un vous a mis en garde pour le fait de témoigner?
Le témoin: J'étais menacé.
Le juge: Qui est-ce qui vous a menacé?
Le témoin :Différentes personnes. Je ne me rappelle pas bien.
Le juge: Regardez bien les personnes présentes dans la salle. Vous avez été menacé par quelqu'un d'entre eux?
Le témoin: Il n'y a pas que les présents dans la salle. Je ne veux pas être tué comme des dizaines de jeunes gens à Sumgaït.

Environ une centaine de personnes se sont présentées devant la Cour, environ 80 sont accusés.
Seulement Akhmedov a été condamné à la peine capitale, la plupart n'a eu comme verdict que quelques années de prison, de nombreux étaient condamnés avec sursis, une partie a été libérée dans la salle même.
Un extrait du réquisitoire du procureur Kozlovski au procès lors de la Cour Suprême de l'URSS.

Titres. L'accusé appelait les habitants du quartier 41a à montrer les appartements habités par les citoyens de nationalité arménienne en expliquant que la foule avec lui a l'intention de cambrioler les appartements des arméniens, de détruire les biens ainsi que les habitants de nationalité arménienne de ce quartier. Les organisateurs du crime n'ont pas été révélés, des milliers de bourreaux sont restés en liberté.

L'avocat Ruben Sahakyan, participant du procès sur les événements à Sumgaït.

Titres. Une seule cause pareille (13 volumes), enquêtées faiblement, se trouve dans l'archive de la Cour régionale à Voronej, un autre- à Kuibyshev, le troisième – à Volgograd. La quantité essentielle se trouve à Baku. Comment se mettre au courant de ces dossiers? Puisque la majorité des victimes ne participait pas à ces procès et n'avait pas d'avocat. Ce qui veut dire que les documents de ces dossiers nous sont inaccessibles. Aucun avocat n'ira à Baku «international» pour prendre connaissance de ces dossiers.
Tout cela sera sous le voile du mystère.

Le fait reconnu de l’organisation de “Sumgaït” a obligé ses réels organisateurs à avancer des confirmations absurdes. Ils prétendent que Sumgaït a été organisé par les arméniens eux-mêmes, avançant, jusqu’aujourd’hui, comme preuve la participation forcée d’un arménien déjà condamné auparavant.
Pourtant, l’un des politiciens actuel azerbaidjanais a déclaré publiquement en 2003 que les organisateurs de Sumgaït sont aujourd’hui dans le Le Milli Majlis (parlement azerbaïdjanais).

Le 3 mars les réfugiés commencent à arriver en Arménie. Les 18 000 arméniens habitants à Sumgaït l'ont tous quittés. Des centaines ont été blessés et sont devenus handicapés. Plusieurs de ceux qui ont réussi à échapper l'enfer doivent leurs vies à leurs voisins et à leurs amis, azerbaidjanais, russes, lezgis. En même temps, il y avait ceux qui fermaient sans pitié les portes devant les gens avec qui ils habitaient cote à cote depuis plusieurs années. Les uns en raison de la peur, les autres en raison de la solidarité avec les pogromistes. Cependant, les héros en Azerbaïdjan ne sont pas devenus ceux qui abritaient et cachaient les arméniens mais ceux qui les chassaient, les torturaient, les violaient et les tuaient, s'adonnant à la cruauté et la barbarie.

Le gouvernement soviétique a fait tout pour enterrer la vérité sur Sumgaït. Les informations dans la presse étaient limitées et désinformatrices. La presse étrangère non plus n'a jamais révélé toute la vérité. En juin 1988 le journal «La pensée russe» édité à Paris, tout en informant les lecteurs des détails sinistres de Sumgaït, se posait la question: « Est-il possible que ce crime reste impuni?». La même «Pensée russe» informait que les pogromistes pénétraient de force dans la maternité et jetaient des nourrissons par les fenêtres. Les témoins oculaires parlaient de nombreux cas d’exécutions d’enfants. Un petit arménien de 3 ans a été férocement battu; un nourrisson a été traîné dans les rues attaché par une corde au cou pendant que le cadavre de sa mère assassinée était jeté à l'arrêt de trolleybus. Ces témoignages ainsi que bien d'autres sont appelés à dissiper le mythe que, soit disant, les sauvages ne touchaient pas les enfants.
Les documents du procès judiciaire prouvent qu’à certaines femmes, avant de les tuer, les pogromistes avaient enfoncé dans le vagin ou dans l'anus des greffes de pelles, des barres métalliques et des shampours pointus.
En juillet 1988 le journal anglais «The Guardian» dans son article «Nagorny Karabakh c'est un test que perestroïka ne pourra pas supporter» écrivait: Au mois de février, dans la ville de Sumgaït, juste après que la session de Nagorny Karabakh a pris pour la première fois sa décision, les foules d'azerbaidjanais se livrant à des excès et dans une orgie nationaliste sinistre bouleversant tout le pays, ont tué 26 arméniens. La police azerbaidjanaise n'avait rien fait pour les en empêcher».

L'académicien Andreï Sakharov : « Si quelqu'un pouvait s'en douter bien avant le Sumgaït, maintenant, après cette tragédie, personne n'aura aucune possibilité morale d'insister sur le maintien de l'appartenance territoriale de la Région Autonome de Nagorny Karabakh à l'Azerbaïdjan».

22 ans plus tard, en raison de la commémoration successive de Sumgaït, le congressiste Frank Pallone a déclaré: « Le gouvernement d'Azerbaïdjan n'a toujours pas réalisé une enquête convenable de ces événements et la majorité des organisateurs et des exécuteurs de ce crime a été libérée dont une partie est devenue députés du Parlement.» «Les pogroms à Sumgaït ce n'est qu'un fragment de l'agression de l'Azerbaïdjan contre les arméniens».

Ce film est une accusation. L’accusation d'un génocide. En dépit du chiffre officiel des 26 personnes tuées, des centaines d'arméniens ont été assassinés durant ces trois jours du mois de février. Les faits suivants le prouvent:
1. Les cadavres des arméniens assassinés étaient dispersés dans les morgues de différentes villes et villages de l'Azerbaïdjan ce qui n'a pas donné la possibilité d'établir le vrai chiffre des victimes. Les témoignages des gens qui cherchaient les corps de leurs proches ainsi que les témoignages des médecins prouvent le fait de l'existence de centaines de cadavres des arméniens dans les morgues azerbaidjanais en mars 1988.

Titres. Roza Daniélyan, médecin, en 1988 elle travaillait dans un des hôpitaux de Baku.

Titres. Cela s'est passé le 28 février 1988. Mon infirmière qui était sortie au magasin,est arrivée en courant et s'est dirigeait directement vers moi avec des larmes aux yeux. Elle pleure et crie. Je lui dit : «Qu'est-ce qui se passe, Laura? Qu'est-ce que tu as?» On n'était au courant de rien à ce moment. «Roza Mikhaylovna, un camion est arrivé rempli d'hommes arméniens tués». Elle crie et elle pleure. Je lui dit : « De quoi tu parles, c'est impossible!». «Si, si, c'est vrai, je l'ai vu, c'est vrai!».

2. Une comparaison simple des numéros dans le livre des enregistrements des morts de la ville de Sumgaït ainsi que les disparités évidentes prouvent le fait des peignés criminelles ayant comme but de cacher la quantité réelle des assassinés. En 2003 dans le film «Geydar Aliev. Le poids du pouvoir», réalisé d'après la commande d'Azerbaïdjan, l'auteur du film Andreï Konchalovski a déclaré:

«La réponse à la tragédie au Karabakh étaient les événements sanglants dans le centre industriel azerbaidjanais Sumgaït où en une nuit plus de 100 arméniens ont été tués».

3. Plusieurs victimes dont les corps sont imprimés sur les photos des morgues ne sont pas incluses dans la liste officielle des assassinés.

4. Dans son livre «Le Karabakh révolté» Victor Krivopuskov écrit : les gens étaient tués dans leurs propres habitations, mais souvent ils étaient traînés de force dans les rues ou les cours pour des offenses féroces publics. Il était rare que quelqu'un soit tué tout de suite d'un coup de hache ou de couteau. La majorité a subi à des offenses pénibles. Ils étaient battus jusqu'à la perte de conscience, ils étaient couverts d'essence et brûlés vifs. Aucune pitié, ni pour les vieillard, ni pour les enfants. En trois jours plusieurs centaines d'arméniens ont été tués. Le nombre exact des assassinés n'a jamais été établi.

Le gouvernement soviétique en la personne de Gorbatchev n'a même pas trouvé le temps d'exprimer ses condoléances aux familles des victimes. Le 20 septembre 1989 dans son discours lors de la session plénière du Comité Central du Parti Communiste de l'Union Soviétique Gorbatchev a déclaré: Nous avons pu atteindre l'acceptation de la plateforme du parti sur les problèmes nationaux ce qui est un nouveau mot dans les questions de la politique nationale».

Les procès sur les assassins de «Sumgaït» ont eu lieu dans les années 1988 et 1990 sur le fond de la vague croissante du terrorisme d'état, des nettoyages ethniques, des pogroms, des assassinats, de la déportation forcée des arméniens sur tout le territoire de l'Azerbaïdjan. L'Azerbaïdjan menait une guerre non-declarée contre les arméniens. Sumgaït était conçu et réalisé en conformité avec la politique de génocide du peuple arménien et de l'appropriation définitive des territoires de sa demeure historique. Dans la réalisation de cette politique les dirigeants d'Azerbaïdjan entraînaient non seulement les organes autoritaires de tous les niveaux mais aussi les couches larges de la population en transformant ses compatriotes en complices dans un crime contre l'humanité.

Ce film est un hommage en mémoire des victimes innocentes de Sumgaït et de tous les génocides du 20ème siècle. La politique du racisme agressif menée toute ses années par rapport aux arméniens a entraîné une déshumanisation de la société azerbaidjanaise. Ce n'est pas par hasard que Ramil Safarov qui a tué à coup de hache un officier arménien dans son sommeil pendant les cours de l'OTAN dans le cadre du programme de partenariat au nom de la paix en février 2004, a été déclaré héros national comme auparavant les assassins de Sumgaït. Ce n'est pas par hasard que la politique azerbaidjanaise continue l'ethnocide par rapport aux monuments du patrimoine culturel arménien dans le Nakhitchevan autrefois arménien.

L'auteur du Carnet du procès judiciaire sur les crimes contre la population arménienne de Sumgaït Pavel Guevorkyan qui a participé à la réunion de la Cour Suprême en qualité d'interprète, a écrit: La vérité sur ce crime est nécessaire à tous les gens indépendamment de leur nationalité. Elle est nécessaire pour que cela ne se reproduise jamais et nul part, comme les documents du procès de Nürnberg sont nécessaires à l'humanité pour éviter « La peste brune».

Sumgaït n'a pas de prescription. La non-reconnaissance du génocide et l'impunité de ses organisateurs est une crime en soi. Ce film est un appel à la communauté internationale de diriger des poursuites contre l'Azerbaïdjan pour les crimes contre l'humanité. Sumgaït attend encore son évaluation. Le «Nürnberg» de Sumgaït est à venir.

Les données non confirmées sur les victimes du 27, du 28 et du 29 février 1988 à Sumgaït:

Torturés et morts douloureusement 134
Morts dans les hôpitaux 58
Violés et brûlés 11
Perturbés grave psychiquement 75
Battus, blessés et déportés 18 000

Titres. Le Carnet du procès judiciaire sur les crimes contre la population arménienne de Sumgaït.

Samvel Chakhmouradyan, investigateur des événements à Sumgaït:

Titres. Le 29 février, 24 heures après l'entrée des troupes, au moins 10 arméniens ont été tués à Sumgaït. Lors du procès judiciaire de la Cour Suprême de l'URSS est devenu évident le suivant. Les automitrailleuses tournaient autour du quartier 41a, les gens s'approchaient d'eux, y compris les azerbaidjanais, avec des prières d'aider les arméniens. La réponse: «Nous n'avons pas d'ordre». A une distance de 170-180 mètres de l'immeuble 26 où habitait la famille Melkoumyan se trouve l'école militaire avec un corps de troupe de la milice militaire cantonné. Les gens brûlaient, une foule de 400 personnes criait, tout gronde, tout tonne. Et voilà qu'à une distance de 170 mètres se trouve toute une unité militaire qui répond qu'elle n'a pas reçu l'ordre de s'en mêler. Alors, on se demande pourquoi ils étaient venus à Sumgaït, pourquoi?

Titres. Les auteurs du film expriment leurs plus profondes condoléances aux familles de toutes les victimes à Sumgaït, nommées et non, connues et inconnues, restées pour toujours dans la terre étrangère...

Titres.
Scénario
Larissa Alaverdyan
Marina Grigoryan

Réalisateur
Marina Grigoryan

Montage
Hrachya Démirtchyan

Opérateur du son
Levon Akhverdyan

Opérateur
Arman Karadjan

Rédacteur
Naré Aramyan

Le texte est lu par

Support technique
Viguen Tumanyan

La musique du film est de
Avet Terteryan
Wolfgang Amadeus Mozart
Djuzeppe Verdi

Sont utilisées les données des recueils
«Sumgaït...Génocide...Glasnost»
«La tragédie de Sumgaït dans les témoignages des témoins oculaires»

Rédaction Samvel Chakhmouradyan

et de l'ouvrage de Arsen Melik-Chahnazarov
«Nagorny Karabakh: les faits contre la mensonge»

Nous tenons à remercier
Enguels Grigoryan
Arsen Melik-Chahnazarov
Hrayr Ouloubabyan
Mikhail Adjyan
Ashot Movsissyan
Tzvetana Paskaléva
Tesse Hoffman (Allemagne)
Musée-institut du Génocide des Arméniens
Le Fond « Contre l'arbitraire de droit»
La télévision publique arménienne
La Procurature Générale de la République d'Arménie
L'Organisation «L'Initiative de la prévention de la xénophobie»

Dirigeant du projet
Marina Grigoryan



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